Tu fais peut-être partie des personnes qui comparent le chanvre à la ramie.
Ou de ceux qui ont entendu dire que la ramie était une option plus durable et écologique que le chanvre.
Ou encore, tu fais partie de ceux qui cherchent une alternative à la soie ou au coton.
Dans cet article, tu retrouveras une brève description de ce qu’est la ramie.
Mais j’ai focalisé mon attention sur la possibilité pour la ramie de détrôner les fibres synthétiques et dans quels cas l’utiliser.
Les enjeux majeurs pour l’industrie de la mode, les limites techniques de cette fibre textile et la raison pour laquelle sa production est en chute libre depuis 2007.
À la fin de cet article, tu comprendras toutes ses spécificités, ses propriétés, ses avantages et ses faiblesses.
Des tissus tissés à partir de fibres textiles d’ortie ont été retrouvés dans des sites funéraires qui datent de l’âge de bronze.
L’une des preuves a été la découverte d’un corps issu de cette même période soit 2200 à 700 ans avant notre ère au Danemark enveloppé dans une étoffe réalisée à partir d’ortie.
Tu connais probablement l’ortie dans la nourriture ou la nature.
Souvent considérée comme une mauvaise herbe, elle ne nécessite ni engrais, ni pesticides.
Une opportunité pour les marques responsables ?
Tu peux la répartir en 3 grandes familles, la principale, qui est l’ortie de Chine et celles qui sont originaires d’Europe et d’Himalaya.
Si elle a longtemps été appréciée pour faire du papier, c’est à cause de sa haute teneur en cellulose qui la rend imputrescible.
Même si l’Urtica Dioica est originaire d’Europe et présente dans de nombreux pays aujourd'hui, les tissus en ortie actuels sont fabriqués à partir de l’ortie de l’Himalaya.
En Europe, c’est l’Urtica Dioica qui est utilisée, longtemps comparée au coton et au lin.
Certains la comparent même à la soie.
L’Asie représente à elle seule 99.3% de la production mondiale, la Chine étant le premier producteur.
En 2007, la ramie était cultivée sur 149.952 hectares pour 294.479 tonnes produites.
En 2021, c’est 4818 hectares cultivés pour 10.138 tonnes produites (Source : FAO).
Tu vois la différence ?
Il faut que tu saches que la production de cette fibre textile d’origine végétale est en décroissance depuis 2007.
Elle peut être expliquée par la crise financière durant la période 2007/2008 qui s’est déclenchée à la suite de la crise des subprimes dont tu as déjà entendu parler.
C’est arrivé au second semestre 2006 impliquant un krach des prêts immobiliers aux USA. Ensuite, en septembre 2008, plusieurs établissements financiers américains sont entrés en cessation de paiements.
Suite à cet évènement, la production de ramie a baissé de -27.14% sur la période 2007/2009.
À titre de comparaison, la production de fibres de coton a baissé de seulement -16% sur la même période.
Sauf qu’entre 2009 à 2012, la production de fibres de coton a augmenté de 27%, là où la production de ramie a continué sa chute, à hauteur de -37%.
Ce qui peut être expliqué par de nombreuses raisons, notamment le savoir-faire et la complexité à réaliser des fibres textiles d’ortie en comparaison au coton.
La première chose à savoir, c’est que la ramie est une plante qui a besoin d’un climat tempéré aux alentours des 3000 mètres d’altitude.
Elle peut également pousser dans les plaines humides des zones tropicales.
Les graines sont semées dans une terre légère, riche et fraîche et peuvent être récoltées de 2 à 5 fois annuellement.
Il est inutile de semer tous les ans.
Ensuite vient la phase de décorticage, c’est dans la tige que se trouve la fibre, tout comme le lin ou le chanvre.
Traditionnellement à la main mais parfois de manière mécanique à l'aide de machines industrielles.
Lors de la phase de dégommage, la matière prélevée est soumise à des traitements pour dissoudre la colle végétale pour préserver la longueur de la fibre sans supprimer ses propriétés que je t’expliquerai un peu plus tard.
Pour la filer, c’est exactement le même processus que le lin à la différence près qu’elle est souvent associée à d’autres fibres.
Les fibres d’ortie sont réputées pour leur résistance à la traction et leur brillance comparable à la soie.
Une fois passée dans les métiers à tisser, elle est plus fine et solide que le lin.
À titre comparatif, la fibre d’ortie est estimée à 40/50 cN/tex, là où le lin est autour des 20 à 23 cN/tex, le coton à 16/17 cN/tex ou encore le chanvre à 22/30 cN/tex.
cN/tex (centi Newton / Tex) : dans l’industrie textile, c’est une unité de mesure qui permet de mesurer l’élasticité d’une fibre textile. Tout en sachant qu’elle doit revenir à sa forme initiale, sans se déformer.
Pour la comparer aux fibres synthétiques, le polyester a une résilience de 60 cN/tex.
Pas trop mal pour une fibre naturelle, non ?
Comme sa cousine le chanvre, elle ne nécessite que peu d’eau et aucun pesticides. Les deux partageant la même vivacité où le taux de croissance et le rendement sont bien plus élevés que la culture du coton.
Sa principale différence avec la soie textile, c’est que la ramie est plus respirante et plus facile à teindre.
C’est grâce à sa fibre creuse et ses pores ouverts qui créent une respirabilité naturellement efficace.
Pour toutes les marques qui ne souhaitent pas utiliser de fibres animales comme la soie, la ramie peut être une alternative, même si je reste persuadé que de nombreuses recherches et d’innovations sont encore à attendre avant de la qualifier comme une réelle compétitrice à la soie.
En pourcentage de fibres dans un textile, il est encore faible.
Si l’on compare les données de l’index HIGG spécialisé dans l’écoresponsabilité, la soie serait plus nocive que le coton en raison de son besoin d’eau, pollution de cette même ressource et gaz à effet de serre émis.
Les fournisseurs de fibres textiles de ramie sont éligibles au label textile GOTS, ce qui peut être un réel avantage pour les marques responsables.
La principale difficulté est l’extraction de la lignine, qui apporte la rigidité et solidité à beaucoup de plantes et d’algues.
Elle est nécessaire pour conserver les propriétés de la fibre mais en trop grand pourcentage, la rend inutilisable.
L’enjeu est d’utiliser des produits qui ne sont pas dangereux pour l’environnement.
L’acide citrique est de plus en plus utilisé au détriment de l’acide phosphorique, responsable d’une toxicité envers l’environnement et des milieux aquatiques.
En plus de sa capacité d’être autonome et la production de fibre de ramie pouvant être potentiellement écoresponsable, l’ensemble de la plante peut être utilisé, comme le lin.
Les feuilles deviennent de l’engrais pour les prochaines récoltes, les fibres qui sont trop courtes et le reste des déchets organiques utilisés pour confectionner des produits inflammables ou d’ameublement.
C’est un produit qui se destine davantage à l’industrie du luxe que du prêt-à-porter en raison de sa complexité de production qui nécessite un savoir-faire conséquent et un prix qui n’est pas abordable.