Tu as envie d'utiliser le coton au sein de tes collections mais tu te demandes comment le choisir ? Conventionnel ou labellisé ?
Si labellisé, quels labels privilégier ?
Dans cet article, tu retrouveras toutes les principales variétés de coton, ses caractéristiques, qualités et défauts.
Tu seras en mesure de comprendre toutes les mentions bizarres que te donneront tes fournisseurs lors de ton sourcing.
⚠️ Disclaimer : cet article n’a pas pour but de te faire culpabiliser à cause de ta consommation ou d’utilisation du coton dans le cadre de ton travail. Mais uniquement à caractère informationnel pour que tu prennes tes prochaines décisions avec tous les éléments factuels dont tu as besoin.
1 - Situation actuelle et prévisions
2 - C'est quoi le coton ?
2.1 - Premiers producteurs mondiaux
2.2 - Quel pays exporte le plus de coton ?
2.3 - SEEP : Social, Environmental and Economic Performance
3 - Quels sont les 4 différents types de coton ?
3.1 - Coton indien
3.2 - Coton Upland
3.3 - Coton égyptien
3.4 - Coton Pima
5 - Pourquoi le prix du coton augmente ?
5.1 - Comment est calculé le prix d'un t-shirt en coton ?
6 - Quels sont ses inconvénients ?
7 -Nocivité de cette fibre naturelle sur tes clients
La production mondiale de coton a baissé de 3% soit 25,8 Mt en 2018 selon un rapport publié en 2019 conduit par OECD/FAO.
Cela s'explique par une disponibilité d'eau limitée, des maladies et un mauvais temps.
La consommation globale de coton a augmenté de 2% s'élevant à 27.3 Mt en 2018.
Les réserves de coton brut estimées ont baissé de 7% soit 17.8 Mt.
Ils sont majoritairement déterminés par la Chine, détentrice de 40% des réserves mondiales.
L'exportation mondiale de coton a progressé de 7% soit 9.5 Mt (37% de la production mondiale).
Elle est estimée à atteindre 12 Mt en 2028.
L'augmentation de la production mondiale a été estimée à +16% soit 29.2 Mt en 2028.
Elle s'explique notamment par une expansion des cultures (9%) tout en projetant les cultures existantes s'agrandissant à hauteur de 6%.
En 2009 et 2010, les prix du coton ont plus que doublé à cause d'un ensemble de circonstances : faible niveau des réserves mondiales, une demande étonnamment élevée ainsi que des inondations au Pakistan.
Il faut rappeler que ces prix sont très sensibles à la demande et aux variations de réserves, ce qui peut impliquer un effet balançoire à certains moments.
Le coton est une fibre d’origine naturelle, son origine remonte à 11 millions d’années.
Sur 50 espèces identifiées, seulement 4 sont utilisables pour l’industrie textile (espèces classiques).
La fibre de coton est issue de la capsule du fruit constitué à 95% de cellulose.
En ce qui concerne le volume, les fibres de coton sont les plus utilisées (origine naturelle) et en seconde position après les fibres synthétiques (volume global toutes fibres textiles confondues).
Généralement, les fibres sont rassemblées de façon compacte détaillées en balles d’environ 225 kgs.
Sur chaque balle est prélevé un échantillon pour déterminer la qualité, l’usage et le prix de vente.
C’est à partir de ces balles de coton que les fibres sont nettoyées. Elles peuvent être ensuite mélangées avec d’autres fibres naturelles ou non d’ailleurs.
D’après l’International Cotton Advisory Committee (ICAC), la production mondiale estimée pour la saison 2021/2022 est de 25.733 milliers de tonnes.
L’ICAC est une association de pays producteurs ou qui le commercialisent regroupant des gouvernements comme l’Argentine, l’Union européenne ou encore l’Inde.
Les 3 premiers producteurs mondiaux étant :
L’Inde est l’un des rares pays à pouvoir produire les 4 différentes espèces cultivées pour la confection textile.
À titre d’exemple, le premier pays issu de l’Union européenne est la Grèce à la 13e position pour une production estimée à 305 milliers de tonnes et l’Espagne à la 31e position pour un total de 66 milliers de tonnes produites.
On est bien loin des 5900 milliers de tonnes produites par l’Inde.
Résultats pour la période 2021/2022 et exprimés en milliers de tonnes.
Le premier exportateur mondial représente à lui seul presque le double du Brésil.
Si les USA font face à un problème, c’est tout le marché qui risque de s’écrouler, sans parler des prix.
Même si l’Inde est le premier producteur mondial, elle est aussi l’un des pays qui en consomme le plus.
En règle générale, soit les producteurs vendent leur coton-graine à un prestataire qui prendra à sa charge toutes les opérations nécessaires : égrenage, échantillonnage pour déterminer la qualité des fibres naturelles, création des balles.
Ou alors, ces opérations sont sous-traitées par un intermédiaire pour que les producteurs puissent directement les vendre sur le marché pour en obtenir le meilleur prix.
Le panel SEEP a été établi par l’ICAC (association internationale de pays producteurs et commerçants du coton). Il regroupe 3 grands indicateurs.
L’objectif de cet indicateur est de minimiser la contamination des ressources naturelles, protéger et régénérer l’écosystème par le biais de coton durable, réduire les émissions de gaz à effet de serre et créer une résilience au changement climatique.
Valoriser les producteurs et travailleurs du bas de la chaîne de valeur cotonnière, favoriser une économie et une résilience durable des producteurs et atténuer la pauvreté.
Respect des droits de l’Homme dans les exploitations cotonnières, interdiction au travail forcé et au travail des enfants, assurer égalité et équité aux producteurs et travailleurs.
Plus d’infos sur le meeting de 2019 tenu en Australie si ça t’intéresse.
Deux variétés de coton issues de cette fibre textile sont originaires d’Afrique et d’Asie, production mondiale estimée de 5 à 7%.
La fibre naturelle est courte (<25mm).
Originaire du Nouveau-Monde, il ne représente pas moins de 90% de la production mondiale.
Les fibres issues de cette catégorie sont considérées comme des fibres de longueur moyenne (25 à 32 mm), et de qualité moyenne.
Beaucoup considèrent cette matière première comme étant le coton classique de meilleure qualité grâce à la qualité de ses fibres autour des 31 mm en moyenne.
Par contre, même si une petite partie de la production est de très bonne qualité avec des fibres très longues, l’appellation n’est pas un gage de qualité.
Elle détermine l’origine, mais certains obtiennent une fibre “seulement” longue.
Beaucoup font la comparaison entre le coton “classique” comme les 3 précédents et le coton Pima.
Tout comme le coton égyptien, la fibre est souvent extra longue (ELS : extra long staple), la fibre est donc plus durable contrairement aux fibres plus courtes.
Généralement, la longueur de la fibre est en moyenne autour de 35 mm.
Si tu penses que le coton traditionnel est doux, attends de toucher un coton Pima, tu risques d’être étonné.
Majoritairement produit dans 3 pays, à savoir le Pérou, l’Australie et les USA, son prix est très élevé.
Cette variété est plus respirante, plus durable, plus douce et plus facile à entretenir de manière générale.
Le coton Supima (Superior Pima) est quasi exclusivement ELS à l’inverse des autres variétés, uniquement produit aux USA avec une longueur de fibre allant jusqu’à 38,1 mm.
C’est aussi une marque déposée garantissant sa qualité.
Des marques de mode comme Christy ou encore Macy’s sont des consommateurs de longue date.
Cette variété étant peu produite (1% de la production mondiale), son prix est encore plus élevé que son cousin le coton Pima.
C’est un OGM. Ce n’est pas une blague.
Une plante transgénique est considérée de cette manière lorsqu’elle s’approprie différentes propriétés à l’aide du génie génétique.
Maintenant que tu sais ça, tu dois te demander quel est l’intérêt, non ?
En 2016, ces cultures transgéniques représentaient 11% des surfaces transgéniques globales cultivées.
Mais en 2017, c’était pas moins de 80% des superficies cotonnières cultivées qui étaient issues des cultures transgéniques.
Issu de la variété G. Hirsutum ou plus communément appelé Upland, il est résistant aux chenilles.
Même si de nombreuses controverses ont été mises à jour, il reste le plus généralisé.
Le coton Bt a été introduit en Inde en 2002 par le biais d’un partenariat entre Mahyco qui est une structure spécialisée dans la recherche, la production et commercialisation de semences pour les agriculteurs indiens.
Sans oublier Monsanto qui est une entreprise américaine focalisée sur les biotechnologies agricoles.
L’Inde a été en 2011, le plus gros pays producteur de coton génétiquement modifié.
En 2010, une corrélation a été établie entre l’adoption à grande échelle du coton bt et l’apparition de punaises en Chine du Nord touchant 26 millions d'hectares forçant l’usage intensif de pesticides.
Comme son nom l’indique, le coton ht est résistant aux herbicides.
Il est résistant aux herbicides, mais aussi efficace contre les chenilles.
La culture cotonnière issue de graines HTBt est pour l’instant illégale même si de plus en plus utilisée en Inde parce qu’elle n’a pas encore été approuvée par le gouvernement.
Tout comme l’or, le palladium ou encore l’argent, le coton est soumis à la loi de l’offre et de la demande.
Source : INSEE, 2022 - Chiffres basés sur le mois janvier de la même année
Les cours mondiaux de coton sont cotés en bourse pour une qualité définie.
La moyenne étant de 77,06 entre 1990 et 2022.
Le prix a bondi de 67,26% depuis la crise sanitaire (2020 à 2022).
Si l’on compare le prix depuis 1990 à nos jours, le montant a augmenté de 76,87%, ce n’est pas rien.
En à peine une décennie, le prix a lui augmenté de 30,86%.
Le point atteint le plus élevé en 2011 culminant à 178,40 est dû à des conditions climatiques compliquées qui ont limité la production, tout en sachant que la Chine était en train de revoir sa stratégie de production suite à la controverse liée au coton génétiquement modifié.
Si le prix du coton a augmenté de 38,72% entre juin 2021 et 2022, c’est pour différentes raisons.
Premièrement, les États-Unis étant le premier exportateur mondial fait face à des vagues incessantes de vents contraires et de sécheresse à répétition dans l'État du Texas représentant à lui seul 40% de la production américaine.
La seconde raison, en dehors de la production, c’est que de plus en plus de marques cherchent à s’émanciper de la production chinoise pour des raisons écologiques, éthiques ou tout simplement de marketing.
En s’approvisionnant en Europe pour les marques européennes, le prix est beaucoup plus élevé à cause de la quantité minime produite.
Si tu ne te sens toujours pas concerné, dis-toi que la prochaine fois que tu souhaiteras utiliser ou réapprovisionner la marque pour laquelle tu travailles en coton, tu risques de recevoir une facture jusqu’à 3x plus chère.
Je t’invite à réfléchir à deux fois avant de sélectionner ce textile dans tes sourcings.
D’après une recherche réalisée en 2016 par le CIRAD qui est un organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes, le prix d’un t-shirt de 150grs (15€) est défini comme ça :
En moyenne, 485L d’eau sont nécessaires pour produire 1 kilo de coton-graine.
L’équivalent de la production de 1 kilo de fibre étant à 1214L d’eau (sans compter l’eau de pluie) qui reviendrait à 20.000L d’eau selon la WWF.
En consommation de ressources, ça représente 3% de l’eau mondiale d’irrigation et 4% des émissions globales totales.
Ça fait réfléchir, non ?
D’après une étude réalisée en 2016 par Rank a Brand qui est une plateforme qui guide les consommateurs vers des marques durables, plus de 25 sur les 37 plus gros consommateurs de coton ont obtenu un code rouge dans leur enquête.
3 critères étaient mis en avant, à savoir : la politique d’approvisionnement, l’utilisation et la traçabilité des matières naturelles.
La réponse va être mitigée. Ça dépend.
Ça dépend de quel coton on parle, plutôt conventionnel ou biologique ?
Comme expliqué un peu plus haut, le coton conventionnel est souvent cultivé à l’aide de nombreux pesticides et insecticides catastrophiques pour l’environnement, rien de neuf, mais aussi pour la santé humaine.
Ce n’est pas seulement l'environnement qui est mis en jeu. Mais aussi les producteurs et consommateurs à des risques liés aux produits chimiques utilisés potentiellement cancérigènes.
Les caractéristiques évoquées sont généralisées, tout dépendra du type de textile, techniques utilisées en filature, ou potentiels apprêts.
À l’aube des années 1960, la consommation des fibres de coton sur le marché global des fibres textiles était estimée à 70%.
En 2019, il était de seulement 26%.
Entre 1972 et 2009, le prix du coton était en moyenne 5% supérieur au prix des fibres discontinues de PES.
Au début des années 1970, lorsque le PES proposait un prix compétitif, les prix du coton se sont alignés sur ceux du PES, tout en sachant qu'ils ne sont pas du tout comparables en termes de besoins et de coût matières.
En dehors de l’origine et de l’impact environnemental, le polyester est beaucoup plus résistant, hydrophobe à l’inverse du coton qui a un pouvoir absorbant élevé.
Si le polyester est très utilisé, c’est parce que les besoins, utilisations et prix de fabrications sont complètement différents.
Par exemple, pour les sportifs, le coton n’est clairement pas adapté.
D’après une étude réalisée par Textile Exchange, la production de coton biologique est en perpétuelle évolution.
Elle a augmenté de 3,9% entre la période 2018/2019 et 2020/2021, la quantité produite étant estimée à 249.153 tonnes soit 1,03% de la production mondiale durant cette même période.
Le coton biologique a été créé en conséquence à la culture intensive du coton.
Comme tu dois t’en douter, ce type de fibres végétales est produit dans le respect des standards de qualité liés à l’agriculture biologique.
C’est toujours plus respectueux de l’environnement que le coton conventionnel, en limitant l’utilisation de produits chimiques, pesticides.
Comme dans la nature tout est connecté, la culture intensive utilisant des pesticides contamine les sols, touchant non seulement les cultivateurs de cette fibre naturelle mais aussi les agriculteurs proches sans oublier les cours d’eau.
Même si cette typologie reste séduisante, la culture du coton reste une fibre énergivore contrairement à des alternatives comme le lin.
Ce que je pense globalement de l’industrie cotonnière, c’est que l’utilisation du coton, le choix de la variété et du textile dépendra des besoins ciblés.
Il existe une multitude de variantes. L’aspect esthétique ne doit pas être ton seul critère de sélection.
Je suis persuadé que le coton est l’option de facilité, est produit en trop grande quantité tout en sachant qu’il existe des alternatives comme le lin.
Je sais ce que tu vas me dire.
Le lin ou le chanvre, ça gratte.
Même en le mélangeant avec du coton, nous diminuerions drastiquement notre consommation.
Comme tout produit ayant un monopole, une inflation du prix du coton et ce n’est pas 3 marques qui seront touchées, mais une industrie dans sa globalité, sans oublier des millions de consommateurs.
Celles qui seront en mesure d’absorber une perte de marge survivront, le reste disparaîtra de la même manière qu’elles sont arrivées.
Sois ouvert aux nouvelles propositions, utilisations d’un textile. Lorsque tu crées un produit de mode, réfléchis à son esthétique sans oublier son besoin.
N’oublie jamais que le design avant d’être une esthétique, c’est avant tout une méthodologie de résolution de problèmes. Je pense que beaucoup d’acteurs de la mode ont tendance à l’oublier et un rappel ne fait jamais de mal à personne.
Ce sera tout pour moi, reste ouvert, à l’écoute et continue d’apprendre parce que c’est ce qui te permettra de te différencier.